EQ : l’incontournable du mixage

MAO mixage l’equalisation                       

 

  • EQ corrective (soustractive/additionnelle)
  • EQ coloration (optimiser le son, enhancer des fréquences)

L’equalizer n’est rien d’autre qu’un outil de filtres et d’amplification de bandes de fréquences.

Il peut servir à corriger une piste ou un ensemble de pistes (un bus par exemple)

Les différents types d’equalizer :

  • equalizer paramétrique : on règle pour chaque bande de fréquence, la fréquence, le niveau en dB et la largeur de bande (ou Q en anglais)
  • equalizer semi-paramétrique le Q est déjà défini on ne peut régler que le niveau et les fréquences
  • equalizer graphique chaque bande est à un Q fixe et représente une fréquence on règle juste le niveau
  • equalizer dynamique = eq paramétrique avec en plus un threshold et un gain d’ajustement pour chaque point d’eq.

Dans la suite de l’article on utilisera indifféremment l’appelation Anglaise : equalizer ou l’apellation Française : égaliseur pour plus de facilité.

EQ paramétrique :

Celui de Cubase de la console possède 4 bandes paramétriques :

On peut sélectionner le type de bande dans le coin supérieur droit (par défaut High Shelf ou Shelve (passe-haut) pour la bande 4) :

Les 3 paramètres qu’on va trouver pour chaque bande d’eq sont :

Ces 3 paramètres (Gain, Fréquence, Q) seront présents dans TOUS les eq paramétriques.

Dans certains EQ on va avoir le facteur Q fixe on parlera alors d’ EQ semi-paramétrique

Exemples d’eq semi-paramétriques, très répandus dans des eq vintage hardware mythiques :

ou le Neve 1073 :

Dans ces eq de légende les fréquences et les niveaux (gains) sont paramétrables mais pas le Q (largeur de bande prédéfinie) mais les facteurs Q sont tellement bien choisis que ça sonne très musical dans pratiquement toutes les circonstances !

Maintenant la plupart des EQ paramétriques offrent de travailler directement sur la courbe , d’ailleurs celui de Cubase ne fait pas exception, quand on clique sur le petit écran en haut de l’eq une fenêtre plus grande s’ouvre pour développer la courbe de fréquences de l’EQ :

En cliquant sur l’écran on va créer des points d’eq et les déplacer à la souris.

On peut citer plusieurs EQ utilisant cette interface comme le Fabfilter pro Q3 , le SSL X-EQ2 … etc

C’est un EQ qui sera beaucoup utilisé pour de l’EQ soustractive ou de l’EQ corrective car il n’a en général pas de caractère particulier, pas de coloration prononcée,  mais il est possible aussi d’en avoir  (le SSL X-EQ 2 permet d’avoir plusieurs type de courbe d’eqs analogiques) .

Celui que j’utilise perso beaucoup est le SSL X-EQ 2 :

En double-cliquant sur l’écran du plugin on créé automatiquement un point d’EQ (le Fabfilter pro Q3 est très similaire dans l’interface et a peut-être plus de possibilités mais ils sont très proches).

Le principe est de déplacer ce point ensuite sur la fréquence à gérer, si la courbe par défaut ne convient pas on pourra régler le facteur Q (largeur de bande) ou changer de type d’eq et en montant ou descendant on va régler le niveau qu’on veut appliquer en dB sur le gain (en plus ou en moins)

L’eq paramétrique est le plus complet et le plus … complexe car il permet vraiment des corrections presque sans limite, il est à manier avec précaution car on risque avec une mauvaise eq de commettre des erreurs dans le mixage.

Commençons par explorer les types de courbes disponibles dans la majorité des eq paramétriques du marché :

Le passe-haut ou High pass filter et le passe-bas ou Low pass :

   

Les filtres les plus évidents sont les HP-LP (Hi-pass Low-pass)

Le Hi-pass va se positionner sur une fréquence basse pour laisser passer le reste des fréquences au-dessus de cette fréquence. Il filtre tout ce qui est en dessous du point d’eq selon une pente (réglable entre 12dB, 24dB, 48 dB …),

Le Low-pass c’est l’inverse, une fréquence haute pour laisser passer le bas comme son nom l’indique.

Typiquement par exemple toutes les pistes autre que la basse et les drums (à qui l’espace du bas est plutôt réservé) seront optimisées en utilisant souvent un Hi-pass filter afin de dégager le bas pour augmenter la clarté du mix global et éviter de ‘gonfler’ l’énergie des basses fréquences artificiellement et pour une plage qui ne sert pas cette piste (une voix n’a pas de fréquences ‘utiles’ en dessous de 100 Hz par exemple).

il va servir à enlever le bas du spectre pour tous les instruments qui n’ont pas besoin d’énergie dans cette bande de fréquence et pour laisser la place dans le mix à ceux qui en ont comme la basse et les drums (kick). Ou inversement il filtre tout ce qui n’est pas nécessaire dans le haut du spectre, ça peut être pertinent pour une basse par exemple. Dans tous les cas ils sont primordiaux pour apporter de l’espace dans un mixage et éviter que des fréquences inutiles viennent perturber les plages qui seront utiles pour d’autres pistes/instruments.

Le shelve (Shelf) ou filtre en plateau :

                    

Il va à partir d’un point diminuer linéairement les fréquences au-dessus ou en dessous.

 

Le Bell (en cloche) :

                         

Permet de régler n’importe quelle fréquence en augmentant ou diminuant une plage de fréquences autour du point d’EQ  selon une largeur de bande réglable par le facteur Q (plus ou moins resserré autour du point d’eq).

Souvent on va utiliser ce type de point pour augmenter une large bande de fréquence (facteur Q élevé au-dessus de zero) alors qu’on utilisera plutôt un facteur Q plus mince pour enlever des fréquences gênantes (equalisation de correction) mais ce n’est pas une règle absolue non plus.

 

Egaliseur graphique

C’est un equalizer moins utilisé maintenant en studio, plutôt en live sur un bus principal stéréo ou sur la chaine d’effet de guitare mais surtout de basse.

Vous connaissez tous comment se présente un EQ graphique , il se compose de multiples bandes de fréquence fixes (définies à l’avance) et sur chacune un fader permet d’augmenter ou de  diminuer celles-ci, si le nombre de bandes est significatif ou si les bandes de fréquences sont bien choisit il peut être très utile pour peaufiner un son.

                                   

 

En général la plage de niveau est +12 dB à -12dB pour modifier chaque bande comme on peut le voir.

 

L’ Equaliser dynamique

Il se comporte comme un compresseur mais en ciblant une bande de fréquences donc il va compresser uniquement dans cette bande dont la fréquence centrale sera le point d’eq.

Chacun des points d’EQ dont on va disposer sera comme un compresseur qui va agir chirurgicalement à l’endroit de cette fréquence, ça peut être très utile lorsqu’on veut baisser une fréquence quand un autre instrument apparaît dans le mixage et qu’on ne veut pas masquer cette fréquence par rapport à cet instrument, ou qu’on veuille contrôler cette bande de fréquence en fonction du couplet ou du refrain si dans le refrain cette fréquence devient trop prédominante à cet endroit du morceau le compresseur agira lorsque le niveau atteindra le threshold qu’on se sera fixé.

En effet le gros avantage de l’EQ dynamique c’est qu’on va pouvoir faire agir l’equalizer en fonction du gain du signal qu’on va régler sur le threshold comme on le fait pour un compresseur, si le signal dépasse ce gain on va pour voir agir sur la bande de fréquence sélectionnée. Donc si on a trop d’énergie sur cette plage de fréquence on va par exemple diminuer porogressivement le niveau de celle-ci en fonction. On peut recréer l’effet d’un deesser pour éliminer des sifflantes dans le haut du spectre avec un eq dynamique. Des applications variées pour un eq plus polyvalent et souple qu’un eq ordinaire.

On peut le voir un peu comme un compresseur multi-bandes mais avec plus de fonctions liées à un equalizer (comme le réglage du Q par exemple qui ne sera pas dans un compresseur multi).

 

Techniques d’égalisation

 

Avec l’EQ paramétrique on va pouvoir agir chirurgicalement sur une fréquence car on pourra régler le point central mais aussi la largeur de bande (Q) et jouer sur le niveau précisément.

Utilisation typique de l’eq paramétrique sera de diminuer une fréquence gênante d’une piste (une résonance ou une fréquence désagréable sur un son ou un instrument).

Pour ça c’est très simple on va élever le niveau au maximum (placer le point d’eq tout en haut) et balayer les fréquences jusqu’à ce qu’on perçoive à l’oreille cette fréquence inappropriée (en effet la plupart des eq paramétrique permette de mettre en solo la bande fréquence sélectionnée sur le point d’eq ce qui est fort pratique). Il suffira alors d’inverser le niveau en réglant précisément l’atténuation de cette fréquence.

 1er temps on ‘balaye’ les fréquences pour identifier celle qui pose pb

2ème temps on diminue drastiquement la fréquence indésirable (voir ci-dessus)

 

Ajouter de la clarté ou de la brillance

Avec l’eq paramétrique on pourra ajouter de la clarté ou de la brillance très facilement en utilisant un shelf à l’extrémité des hautes fréquences du spectre (filtre en plateau)

Ajouter de la couleur

C’est peut-être la seule utilisation où un preset pourra être un bon point de départ car évidemment je ne conseille pas l’utilisation de presets en matière d’eq du fait que chaque piste enregistrée ou chaque instrument virtuel ou non aura sa propre couleur et donc on ne peut pas prévoir à l’avance quelle sera la correction à appliquer.

Mais pour avoir un ‘rendu’ ou une ‘couleur’ générale sur une piste il peut être pertinent de partir d’un preset d’eq mais avec un type d’eq qui sera plus une émulation d’un eq vintage par exemple. Ceux-ci émulent des eq mythiques comme des Neve ,des Api ,des Maag ,Dangerous etc …

La bande ‘air’ pour donner de la clarté dans le haut du spectre du Maag EQ4

Booster le grave ou l’aigu avec le mythique EQP1

 

Le maag EQ4 par exemple est renommé pour sa bande de fréquence du haut du spectre qui pourra donner de l’air à la piste (voix, drums, master)

L’EQP1 Tubetech va donner de la chaleur dans le bas sur une basse ou des aigus soyeux sur un bus master.

Mais ce ne sont que des exemples parmi d’autres d’applications de ces EQ.

 

Il faut pas mal de temps lorsqu’on débute pour ‘trouver ses marques’ en matière d’égalisation, c’est peut-être même la courbe d’apprentissage la plus longue, il faut pratiquer et encore écouter et pratiquer pour pouvoir être à l’aise avec les egaliseurs. Ne pas hésiter à écouter ses morceaux préférés pour repérer comment sonne la basse sur untel ou la guitare sur tel autre …

Certains EQ offrent l’opportunité de comparer plusieurs pistes afin de trouver les meilleures corrections possibles. C’est très utile par exemple lorsqu’on a deux pistes dont les fréquences entrent en conflit, typiquement la basse et le kick, ou bien les guitares et la voix qui sont sur des plages de fréquences qui se chevauchent dans leur tessitures respectives (tessiture = étendu de notes ou fréquences que l’instrument peut couvrir du plus grave au plus aigu) , l’EQ inclue dans la dernière version de Cubase (pro 11) permet cette comparaison et c’est un très bon EQ qui se rapproche des X-EQ SSL et Fab Filter pro dans son approche et son interface :

Chaque piste a sa couleur de forme d’onde et on peut facilement repérer ce qui masque l’autre piste ou ce qu’il faut corriger sur l’une ou l’autre des pistes ici un exemple entre la basse et les drums :

On doit savoir ce qu’on fait pour l’EQ, on ne part pas ‘au pif’ !

Ainsi un bon point de départ est de connaître la plupart des bandes de fréquences des principaux instruments/voix ce qui donne une idée de ce qu’il faut augmenter ou diminuer selon ce qu’on veut laisser exprimer à la piste à equalizer :

 

Savoir les fréquences à toucher pour tel objectif (plus de chaleur, moins de ‘boominess’, que ça sonne moins ‘carton’ etc … autant d’expressions quelque peu abstraites mais que les musiciens vont employer pour exprimer leur souhaits ou leur réclamations sur le mixage ou tout simplement pour pouvoir se comprendre entre intervenants sur un mixage) vous pourrez trouver pas mal de schémas sur ce sujet comme celui-ci :

Encore un dernier exemple pour illustrer cette manière d’aborder l’eq d’une track :

‘Cette guitare sonne trop médium, manque de clarté’ ==> traduire : il est fortement probable qu’il faille enlever du bas-médium dans la zone 400-500Hz (plutôt middle mid-range si on se réfère au schéma plus-haut). Il est d’ailleurs souvent nécessaire de faire ça sur des guitares électriques mais encore une fois : d’abord écouter.

De manière générale quand c’est possible il est préférable d’enlever que de rajouter dans l’equalization, mais pas de règle absolue, votre premier juge est votre oreille. Pour éviter d’éventuelles conséquences sur la phase (car l’eq malheureusement peut créer des pb de phase) éviter les eq trop drastiques pour éviter

l’ aliasing, les pb de phase etc … Mais en création de son il peut être intéressant de passer outre les règles tant que ça sonne ! Exemple : le fameux ‘son téléphone’ où l’on va délibérément supprimer beaucoup de bas et beaucoup de haut pour imiter la réponse en fréquence des vieux téléphones.

J’espère que ce dossier vous aura plu et que vous n’hésiterez pas à poser vos questions et à laisser vos avis dans les commentaires en bas de l’article !

Le Babaorum studio est là pour vous accompagner dans ce processus d’apprentissage , n’hésitez pas à poser vos questions dans le blog ou à envoyer des mails à babaostud@gmail.com. Nous répondrons avec plaisir à vos questions sur l’egalisation et pourront même, si vous souhaitez approfondir vos connaissances, vous proposer des modules de formation adaptés à votre niveau.

D’autres articles moins généraux seront produit sur ce sujet inépuisable.

© Babaorum Studio 2021-08-01

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